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À quoi ressemblera l’EHPAD de demain ?

L'Ehpad du futur
Crée le : · Mis à jour le : 15/03/2023 11:23:32 · Temps de lecture :
2 minutes

Moins “médical”, moins “bunkérisé”, et parfois même “à la carte” : l’EHPAD du futur fera davantage de place aux familles, au libre choix, au bien-être et même à… l’autonomie de ses habitants. Chiche ?

Des lieux adaptés, où nos aînés sont (médicalement) bien pris en charge… mais qui donnent assez peu envie : voici, de façon très résumée, l’image des EHPAD (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) dans l’inconscient collectif.

En seulement 20 ans (ils ont été officiellement créés et encadrés en 2002), les EHPAD ont donc réussi à offrir une solution pérenne à la question du grand âge et de la perte d’autonomie, mais trop rarement à créer des lieux de vie dans lesquels les personnes âgées et leurs proches se sentent bien. Cela n’a rien d’une fatalité ! La preuve, avec ces pistes de réflexion pour l’EHPAD de demain.

Bon à savoir
Les idées de cet article sont issues d’un copieux et passionnant exercice de prospective du think tank (groupe de réflexion) Matières Grises, soutenu par quelques-uns des plus grands acteurs du secteur des maisons de retraite (Korian, Domus Vi, Colisée…) : L’EHPAD du futur commence aujourd’hui.
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En EHPAD comme chez moi : la maison de retraite du libre choix

Un lieu que l’on habite, plutôt qu’un endroit où l’on est hébergé

Les mots ont un sens, et “habiter” en maison de retraite plutôt qu’y être “hébergé”, cela signifie qu’une personne âgée va pouvoir :

  • s’approprier son espace : le transformer, le personnaliser, le rendre familier…
  • s’y sentir bien : en confort et en sécurité,
  • y vivre selon ses propres règles, plutôt qu’au rythme du fonctionnement de l’établissement.

Aujourd’hui, c’est ce dernier point qui pose le plus problème. La vie en maison de retraite médicalisée est organisée en fonction du planning des équipes de soin et d’accompagnement. 

Or, si 90 % des Français souhaitent vieillir chez eux (d’après le Baromètre du Bien Vieillir de la Fondation Korian), se sentir “chez eux” revient pour 62 % d’entre eux à pouvoir décider de leur propre rythme de vie. 


Télécharger le guide - Choisir l’hébergement le mieux adapté à la perte d’autonomie

Liberté d’abord, sécurité ensuite 

Pour qu’on se sente “chez soi” en maison de retraite, l’EHPAD de 2030 doit donc revoir complètement l’ordre de ses priorités :

  • aujourd’hui, l’EHPAD met avant tout l’accent sur la sécurité de ses habitants… quitte à leur imposer des règles de vie strictes (le “bouclage” des maisons de retraite lors de la crise du Covid-19 en témoigne),
  • demain, il valorisera avant tout la liberté de choix des habitants… en assurant leur sécurité.

Liberté d’aller et venir, liberté de recevoir ses proches lorsqu’ils le désirent… Ces droits sont d’ailleurs inscrits en toute lettre dans le cahier des charges que doivent respecter les EHPAD. 

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Des habitants impliqués dans la vie de l’EHPAD

Dans chaque maison de retraite, un Conseil de la Vie Sociale (CVS) réunissant dirigeants de l’établissement, familles et habitants se réunit en moyenne 3 fois par an. 

Mais il a peu de pouvoir, et son avis n’est que consultatif. Demain, il devrait permettre aux “clients” des EHPAD d’avoir voix au chapitre. Et plus généralement, lors de ces CVS comme lors de consultations épisodiques, l’avis des personnes âgées devra être plus systématiquement pris en compte pour :

  • orienter le projet de l’établissement,
  • laisser plus de choix sur la composition des repas, le contenu des animations…

Des EHPAD ouverts sur l’extérieur

Très fermé sur lui-même, l’EHPAD offrirait une meilleure qualité de vie à ses habitants s’il s’ouvrait sur son environnement. Les auteurs du rapport sur l’EHPAD du futur esquissent quelques pistes prometteuses, comme :

  • le jumelage avec des écoles (primaire, collège),
  • le jumelage avec un club sportif local,
  • l’accueil de manifestations associatives et culturelles.

En devenant un lieu de convivialité et de services (au bénéfice de la population locale ET de ses habitants), l’EHPAD trouverait en quelque sorte sa place dans la Cité. Autant de pistes explorées par quelques établissements pionniers en la matière.

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Un EHPAD à habiter : une architecture à vivre avant d’être une “machine à soigner”

Bien sûr, l’importance de la mission de soin des EHPAD n’est pas à remettre en question. Le public accueilli dans ces maisons de retraite médicalisées est de plus en plus fragile : les GIR moyens pondérés (GMP) se montaient à 600 au début des années 2000, contre 726 en 2017. Et les personnes en GIR 1 à 4 représentent plus de 83 % de la population des EHPAD (57 % en 1998).

Pour autant, on ne vient pas habiter en EHPAD uniquement pour être soigné… mais pour y vivre, parfois un long moment :

  • la durée moyenne de séjour en Ehpad est aujourd’hui de 2 ans et 5 mois,
  • 25 % des résidents y vivent au moins 4 ans et 4 mois.

Conséquence : conçus selon une logique très “hôpital”, les espaces des EHPAD vont devoir évoluer pour devenir de vrais lieux de vie.

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Un logement plutôt qu’une chambre

20 m2 : c’est en moyenne la surface “privée” dont bénéficie une personne âgée en EHPAD. Une chambre, donc, qui se résume le plus souvent à un coin nuit, avec un lit trônant au centre de l’espace parce que c’est plus “pratique” pour les soins… 

Demain, ces logements devront :

  • être plus personnalisables,
  • être plus grands (de 25 à 30 m2), ou du moins permettre d’avoir plusieurs espaces de vie.

Des espaces communs plus variés

Même constat que dans les chambres : les espaces partagés des EHPAD sentent encore beaucoup l’hôpital. Ils sont commodes, utilitaires… et parfaitement impersonnels. 

Comme le soulignent les experts interrogés dans le rapport de Matières Grises, rien ne ressemble plus à un EHPAD qu’un autre EHPAD ! Pour les rendre plus habitables, ces mêmes experts imaginent des EHPAD de demain :

  • qui s’autorisent du “beau” dans la déco : au sol, au mur, dans le mobilier, les plantes vertes…,
  • qui font une plus large place à la lumière naturelle,
  • qui privilégient le “semi-collectif” (des salons de restauration plus petits à la place du réfectoire de 80 couverts),
  • qui “cachent” autant que possible les espaces médicaux.

L’EHPAD vient à moi : les services de la maison de retraite, mais à domicile

Le maintien à domicile d’un côté, les maisons de retraite (EHPAD en tête) de l’autre : aujourd’hui, la frontière entre ces deux options restent trop étanche… même si les choses bougent, avec des gestionnaires d’EHPAD qui proposent désormais des services d’aide et/ou de soins à domicile. Une sorte d'EHPAD “hors les murs” qui a vocation à se développer.

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Demain, l’EHPAD en centre de soins ouvert

7 500 établissements, qui “maillent” efficacement le territoire (69 % des Français vivent à moins de 5 km d’un EHPAD) : les établissements pour personnes âgées dépendantes ont une vraie carte à jouer dans la lutte contre les déserts médicaux.

Demain, les EHPAD ont tous les atouts (proximité, personnel compétent, équipement matériel…) pour devenir aussi des maisons de santé pluridisciplinaires au service des personnes âgées… et des autres. 

Demain on ira “à l’EHPAD” même si on n’est pas en âge d’y résider ?

Soigner, mais aussi accueillir. Un EHPAD c’est aussi un espace capable :

  • d’héberger des activités “annexes” (associations ou partenaires qui ont besoin de se réunir ou d’organiser des événements),
  • d’offrir de la restauration, 
  • d’organiser des animations (spectacles, musique, activité physique…).

Autant de pistes prometteuses pour faire des maisons de retraite des lieux bien ancrés dans la vie locale !


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