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Aider à plusieurs : comment bien s'organiser entre aidants ?

Crée le : · Mis à jour le : 18/06/2024 15:34:58 · Temps de lecture :
2 minutes

Frères, sœurs, mari, amis, voisins… Et si vous vous reposiez sur des aidants “secondaires” pour leur déléguer une partie de vos responsabilités auprès d’un proche en perte d’autonomie ? Organisation, communication, gestion des conflits… voici le mode d’emploi pour aider à plusieurs !

Même au sein d’une même famille, il est difficile de se rendre compte de la charge que représente le rôle d’aidant familial. Si vous cherchez à vous appuyer sur votre fratrie et vos proches pour prendre le relais auprès d’un parent âgé en perte d’autonomie, il faut donc commencer par extérioriser :

  • faire prendre conscience du temps et de la “charge mentale” que cette responsabilité représente pour vous,
  • exprimer clairement votre besoin d’aide et de soutien.

Ensuite, il reste à organiser cette “équipe d’aidants” pour que chacun puisse apporter son concours.

Organiser la communication entre aidants

Des moyens de communication efficaces

Des textos, plus un groupe Whatsapp, plus des e-mails que tout le monde ne lit pas forcément… Stop ! À démultiplier les groupes de discussion, plus personne ne s’y retrouve.

L’une des clés pour bien s’organiser lorsqu’on est plusieurs à aider un proche en perte d’autonomie, c’est de choisir des modes de communications :

  • connus de tous,
  • qui conviennent à tous,
  • qui permettent à chacun de prendre facilement connaissance des dernières nouvelles.

Notre conseil ? Simplifier la chose, avec :

  • un groupe de discussion sur une application mobile (comme Whatsapp ou Messenger), pour s’organiser et donner des nouvelles rapides,
  • un “carnet de liaison” (ou journal de bord) au domicile du proche aidé pour indiquer qui est passé, quand, qui a eu le temps de faire ou ne pas faire quoi.

Pour les plus “geeks”, vous pouvez même aller jusqu’à utiliser une solution de chat plus évoluée (comme Slack, Microsoft Teams) qui présente l’avantage de permettre :

  • de communiquer en groupe par sujets (ménage, repas, démarches, vacances…) et en messages directs,
  • de centraliser des documents qu’on retrouve plus facilement qu’en “remontant” une conversation Whatsapp.

Mais pour que cela fonctionne, il faut que tous les aidants soient prêts à utiliser ces applications…

Des réunions régulières

Se laisser des messages, c’est nécessaire pour régler les petites urgences et les problèmes basiques, lorsqu’on ne se croise qu’en coup de vent.

Pour les problèmes plus profonds, et parce qu’il est bon de temps à autres de faire le point, il faut se parler en face à face.

Quand et comment ? Cela va dépendre des emplois du temps et de l’éloignement de chacun, mais on vous conseille :

  • une réunion trimestrielle (mensuelle si vous le pouvez, notamment dans les premiers temps de “rodage” de votre groupe d’aidants),
  • au domicile de la personne aidée : la discussion la concerne aussi, et cela lui fera plaisir de réunir ses proches auprès d’elle (sauf, évidemment, si des sujets de tension sont au programme des discussions…).

À défaut, si parvenir à se croiser est trop compliqué, passez en mode “visioconférence” (Google Meet, Zoom, Teams…).

Et de quoi parle-t-on lors de ces réunions ? Vous pouvez suivre un ordre du jour assez simple (préparé, au préalable, avec les choix de chaque participant) :

  • un petit “bilan” de ce qui s’est passé depuis la dernière réunion : les couacs, ce qui se passe bien, ce qui pourrait être amélioré… L’idée, c’est que chacun exprime son ressenti, sans non-dit,
  • l’état du proche aidé : comment il mange, dort, comment évoluent son physique et son mental…,
  • les moments importants à venir : les absences ou indisponibilités des uns et des autres, les rendez-vous de l’aidé…,
  • les décisions importantes à prendre et la répartition des tâches à venir.

Répartir les tâches entre aidants

Soyons clairs : dans la majorité des cas (pour ne pas dire toujours), il y a :

  • un aidant principal, qui assume la plus grande partie de l’aide et de la présence auprès du proche en perte d’autonomie (personne âgée ou en situation de handicap),
  • un ou des aidants secondaires (autres membres de la famille, amis, voisins…), qui déchargent l’aidant de certaines tâches précises et lui offrent des moments de répit.

L’aidant principal est généralement le plus proche (géographiquement, émotionnellement) de la personne à aider, et sa charge est lourde. On parle d’ailleurs de “fardeau de l’aidant”, occasionnant un fort stress, et dans certains cas de “syndrome de l’aidant” pouvant conduire à une forme de burn-out.

À lire aussi : En faites-vous trop ? Mesurez votre charge d’aidant avec l’échelle de Zarit

Lister les “coups de main” nécessaires

Puisque le rôle des aidants secondaires est de soulager l’aidant principal, il faut donc partir de ses besoins :

  • ce qu’il n’aime pas faire,
  • ce qu’il pense mal faire,
  • ce qu’il n’a matériellement pas le temps de faire correctement.

Et puis il faut bien sûr s’interroger sur les besoins du proche aidé : être en perte d’autonomie n’empêche pas qu’il soit encore capable de s’assumer sur de nombreux actes de la vie quotidienne.

Identifier les compétences de chaque aidant

Le grand frère est parfait pour gérer les comptes et la paperasse ? La voisine adore cuisiner pour les autres, et le voisin ne se fera pas prier pour s’occuper du jardin ?

Toutes les bonnes volontés sont bonnes à prendre ! Avant d’aller chercher du côté des aides professionnelles, établissez donc la liste des compétences des aidants secondaires.

Ne vous limitez d’ailleurs pas à une liste de tâches, mais pensez aussi aux points forts des uns et des autres :

  • tel aidant doué pour chercher de l’information pourra se charger des demandes d’aides,
  • tel autre à l’aise dans la discussion pourra faire l’interface avec l’auxiliaire de vie et les soignants,
  • un troisième calé en informatique s’occupera de choisir les outils d’échange et d’organisation…

Qui peut faire quoi ? Découvrez notre matrice des tâches partagées

Exemple de tableau d'organisation entre plusieurs aidants

Prioriser, gérer son temps, s’organiser à plusieurs et préserver des temps “à soi” : téléchargez cette matrice de tâches partagées et bien d’autres outils utiles grâce à notre programme “Coaching d’organisation”
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Créer un calendrier des tâches

Vous savez qui fera quoi ? Reste à écrire “quand” ! Pour cela, rien de mieux qu’un planning des tâches à imprimer et à afficher chez le proche aidé.

LundiMardiMercrediJeudiVendrediSamediDimanche
06:00
08:00
10:00
12:00
14:00
16:00
18:00
20:00
22:00

Ménage, repas, visites amicales… Coordonnez les actions des différents aidants avec ce calendrier hebdomadaire.

Téléchargez votre planning à imprimer

En complément de ce planning des jours de la semaine, investissez aussi dans un calendrier annuel. Ce dernier vous permettra d’indiquer les absences des différents aidants, et donc de prévoir des remplacements ou des “roulements” d’une semaine à l’autre. Utile pour l’aidant principal qui souhaiterait s’offrir quelques jours de répit…

Notre conseil ? Optez pour un calendrier partagé en ligne (avec Google Calendar ou iCal d’Apple, par exemple) qui va permettre :

  • à chaque aidant de disposer du planning sur son téléphone, à portée de doigt,
  • de vérifier quand il est attendu, et même d’avoir des rappels…

Instaurez un journal de bord

Un journal de bord ? Replongez-vous en enfance, lorsque votre cartable contenait un “cahier de liaison” pour faire passer les messages entre l’instituteur et vos parents : c’est exactement le même principe, quelques années après…

Sur ce journal de bord, chaque aidant, soignant, aide à domicile est invité à noter :

  • le jour et l’heure de son passage,
  • si elle a pu effectuer les tâches prévues (et lesquelles elle n’a pas eu le temps de faire, le cas échéant),
  • quelques observations sur la forme et l’humeur de votre proche.

Et les dépenses, qui paie quoi ?

Une course avant de passer rendre visite au proche aidé, un achat rapide à faire pour son compte ? Il y a toujours de petites dépenses à prévoir, et les bons comptes font les bons… aidants.

Comment faire pour bien les gérer ?

  • Le plus simple : un tableau Excel, s’il y a peu de dépenses à gérer, avec des virements pour rembourser épisodiquement ;
  • Le plus pratique : une application de partage de frais, comme Tricount, qui calcule les parts de dépenses des uns et des autres pour égaliser les comptes ;
  • Le plus “carré” : un compte commun, ou une procuration des aidants sur le compte de leur proche, si jamais il y a des dépenses importantes et fréquentes à prévoir.

Pour aller plus loin : Procuration bancaire pour personne âgée : comment l’obtenir ?

Surmonter les conflits

Être l’aidant d’un proche en perte d’autonomie occasionne forcément de temps à autres de l’anxiété et du stress. Lorsqu’il y a plusieurs aidants de la même famille, on démultiplie fatalement les risques de conflit ou d'incompréhension :

  • avec la personne aidée,
  • entre les différents aidants,
  • avec le personnel soignant ou d’aide à domicile.

A priori, si vous avez mis en place les règles de fonctionnement proposées ci-dessus, et que vous entretenez une communication régulière, la plupart de ces difficultés vont s’aplanir naturellement.

Elles persistent ? Si c’est avec les “professionnels” que les conflits surviennent, suivez nos conseils pour mieux échanger avec les soignants. Si c’est le proche aidé qui cristallise les tensions, découvrez comment faciliter la relation aidant-aidé. Si, enfin, le problème est plus profond, et concerne plusieurs aidants, il vous reste le recours à la médiation familiale.


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