Malentendant ou malvoyant, en fauteuil ou avec des difficultés motrices : il existe forcément un football pour vous, en dépit du handicap. Du cécifoot au football fauteuil, voici ce que vous devez savoir pour décider où et comment taper dans un ballon.
Un ballon, deux équipes, quelques traits au sol et deux buts : sport simple par excellence, le football est la discipline la plus populaire au monde, et de loin : 265 millions de pratiquants sur la planète !
Le (ou plutôt les) foot handisport n’en sont pas encore là, mais les mêmes ingrédients (simplicité, universalité) en font des disciplines en plein essor. Avec un handicap moteur, visuel, auditif, peut-on jouer au foot ? Oui ! A tout âge, et dans toutes les configurations : à 11, à 5, en salle, en extérieur… Cécifoot, football fauteuil, futsal ou football sourds voici ce qu’il faut savoir pour s’y mettre.
Pour aller plus loin : Handisport ou sport adapté : où et comment trouver un club
Le football fauteuil électrique : pour les personnes en situation de handicap moteur
Le foot fauteuil : comment se pratique-t-il ?
Il se joue en intérieur, sur un terrain de basket ou équivalent (25 à 30 mètres de long sur 14 à 18 mètres de large), en équipe de 4 : 3 joueurs de champ et un gardien.
Sur un fauteuil électrique adapté (avec un pare-choc protégeant les pieds), les joueurs disposent de 2 mi-temps de 20 minutes pour marquer (et empêcher l’adversaire d’en faire autant). La surface de réparation, aux dimensions réduites, ne peut pas accueillir plus d’un défenseur en plus du gardien.
Le football fauteuil est une discipline pratiquée par les personnes en situation de handicap moteur, en particulier celles :
- ayant perdu l’usage d’un membre (à la naissance ou suite à une amputation),
- victimes de lésions cérébrales ou de la moelle épinière,
- souffrant de myopathie.
La classification établie par la Fédération Française Handisport, qui encadre la pratique du football fauteuil, détermine le niveau des joueurs en fonction de leur aptitude à maintenir leur tronc, tête, bras et jambes :
- le niveau PF1 rassemble les joueurs ayant le moins de mobilité,
- PF2 ceux ayant plus de mobilité,
- PF3 les joueurs non éligibles aux compétitions internationales.
Ce sport compte environ 900 licenciés en France, avec des compétitions allant jusqu’au niveau international (mais la discipline n’est pas paralympique).
Pourquoi se mettre au football fauteuil ?
Pratiquer le football fauteuil électrique développe la mobilité et la motricité : les réflexes, la coordination et la maîtrise du fauteuil. C’est aussi une excellente solution pour aiguiser ses facultés d’anticipation, la collaboration d’équipe et la stratégie : un exercice autant mental que physique, donc !
Football en fauteuil électrique : quel équipement choisir ?
Faire l’acquisition d’un fauteuil électrique spécifiquement conçu pour la pratique du football peut se révéler très onéreux (plusieurs milliers d’euros, jusqu’à 15 000 € pour les modèles les plus sophistiqués) : une bonne alternative, c’est d’installer sur un fauteuil électrique “classique” un pare-choc spécial, d’une valeur de 700 € environ.
Bon à savoir :
le foot fauteuil se joue avec des ballons 1,5 fois plus gros qu’un ballon classique (disponibles chez les distributeurs spécialisés handisport comme IdemaSport ou Handi Life Sport, et même chez Decathlon).
Enfin, le ballon restant au sol en football fauteuil, les terrains des clubs proposant cette discipline sont équipés de poteaux spécifiques en lieu et place des buts.
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Le Futsal : pour les handisportifs pouvant pratiquer debout
Le futsal, alias football de salon, est une discipline handisport s’adressant principalement aux personnes en situation de handicap moteur (mais aussi visuel). Mais à la différence du foot fauteuil, il se joue debout.
Qui peut pratiquer le futsal handisport ?
Peuvent le pratiquer les personnes :
- atteintes d’une maladie générant des difficultés motrices (myopathies, sclérose en plaques),
- amputées ou avec un membre malformé (agénésie),
- déficientes visuelles (dans une catégorie spécifique).
Pour l’équité sportive en compétition, les joueurs sont classés en fonction de leur difficulté à se déplacer, de D1 (beaucoup de difficultés) à D4 (peu de difficultés). La catégorie D5b correspond aux personnes malvoyantes.
Aucun matériel particulier n’est à prévoir.
Les règles du futsal handisport
En dehors de quelques adaptations nécessaires à la sécurité des pratiquants, les règles sont identiques à celles du futsal “valide” :
- 2 équipes de 5 joueurs chacun (dont un gardien),
- le terrain et les buts sont ceux de handball,
- une partie se joue en 2 fois 10 minutes (7 minutes chez les jeunes) avec un temps mort possible par match et par équipe.
La Fédération Française Handisport organise des compétitions régionales et nationales (un championnat pour les adultes, une Coupe de France pour adultes et pour jeunes).
Pourquoi pratiquer le futsal ?
Sport rapide et intense, le futsal se révèle très bénéfique pour développer ses capacités cardio-vasculaires et respiratoires, ainsi que la bonne coordination motrice, même pour les joueurs éprouvant les plus grandes difficultés à se mouvoir. Enfin, comme tout sport collectif, il développe l’esprit d’équipe et la réflexion tactique.
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Le cécifoot : le football pour les personnes en situation de handicap visuel
Dédié aux personnes non ou malvoyantes, le cécifoot rassemble un peu plus de 500 licenciés en France (sous l’égide de la Fédération Française Handisport) et se pratique à tout niveau : loisir, compétitions régionales, nationales et internationales (le cécifoot est une discipline paralympique).
Les règles : comment jouer au cécifoot ?
Comme le futsal (dont il s’inspire en partie), le cécifoot se joue en équipes de 5, sur petit terrain et avec des buts plus petits qu’en football à 11 traditionnel. Les règles diffèrent légèrement selon qu’on est classifié :
- B1 (non-voyant, ou avec une très faible perception lumineuse, ou jouant avec les yeux bandés),
- B2-B3 (malvoyant).
La catégorie | B1 (non-voyants) | B2-B3 (malvoyants) |
Les joueurs | Les joueurs de champ sont non-voyants ou équipés de patchs ou masques occultants.Le gardien est voyant ou légèrement malvoyant et guide ses coéquipiers. | Tous les joueurs sont malvoyants : 1/10e d’acuité visuelle du meilleur œil au niveau international (3/10e au niveau national),ou 20° maximum de champ visuel. |
Le terrain | Il mesure 40 m par 20, bordé par une barrière continue. La dimension des buts est de 3,66 x 2,14 m, avec un guide (humain) ou un bip sonore pour le repérage des joueurs. | L’aire de jeu (40 x 20 m), et les buts de (3 x 2 m) sont les mêmes qu’au handball. |
Le ballon | Il est sonorisé pour permettre aux joueurs de le repérer. | Il est de couleur vive pour contraster avec le terrain, parfois légèrement sonorisé pour les malvoyants les plus sévères. |
Les joueurs ayant besoin de communiquer entre eux, de se signaler lorsqu’ils font une action défensive, et de repérer le ballon “à l’oreille”, il est nécessaire de faire silence autour de l’aire de jeu.
Quelles (bonnes) raisons de pratiquer le cécifoot ?
Sport complet et inclusif (les “valides” peuvent le pratiquer au poste de gardien ou en se bandant les yeux), le cécifoot permet de développer :
- la capacité à s’orienter dans l’espace,
- la perception (auditive et visuelle),
- les fonctions respiratoires et cardiaques,
- les facultés stratégiques.
Quel équipement pour pratiquer le cécifoot ?
Le football est un sport “économe” en matériel, ce qui explique en partie sa popularité. C’est aussi le cas pour le cécifoot : les principaux investissements (barrières ceignant le terrain, sonorisation des buts…) incombent aux clubs.
Pour y jouer, il faut prévoir, outre l’équipement standard du footballeur (short, maillot, crampons, protèges-tibias) :
- un ballon sonore (environ 50 €) ou contrasté,
- si nécessaire un masque occultant (environ 15 €).
Bon à savoir:
Le Goalball, qu’est-ce que c’est ?
Comme son nom ne l’indique pas forcément, le Goalball (autre discipline paralympique destinée aux non-voyants) n’est pas un dérivé du football : il se joue à la main, sur un terrain aux dimensions de celui du volleyball, à 3 contre 3 (chacun étant alternativement attaquant et défenseur). Le but reste le même : marquer des buts !
En savoir plus sur le Goalball
Football sourds : le sport n°1 des malentendants
Avec plus de 1 100 licenciés en France, et une pratique très développée dans le monde, le football est le premier sport pour les personnes sourdes et malentendantes. Le, ou plutôt les footballs : ce sport peut en effet se pratiquer à 11, à 7, ou à 5 (futsal sourds).
Conséquence : c’est le handisport le plus “compétitif” avec :
- en foot à 11, un championnat de France (masculin) et une Coupe de France (masculine),
- en foot à 7, un challenge vétéran (plus de 35 ans, hommes ou femmes) avec des poules et un système de play-offs,
- en futsal des championnats et coupes nationaux masculins et féminins.
Le football à 11 et le futsal se jouent par ailleurs au niveau international (championnat d’Europe et du Monde), et sont des épreuves phares des Deaflympics (les Jeux Olympiques des malentendants, organisés aussi tous les 4 ans).
Les règles et le matériel : peu de différence par rapport aux pratiquants “valides”
Hors-jeu, nombre de joueurs et de remplacement, durée des parties : les règles sont strictement les mêmes que pour le football que vous regardez peut-être le week-end à la télévision ! Seule disposition spécifique : les pratiquants doivent avoir un seuil d’audition de moins de 55 décibels et ne pas porter de dispositif de correction auditive.
Football sourds : quels bénéfices ?
Quelle que soit la version du football sourds choisie, vous allez, en le pratiquant, améliorer :
- vos fonctions cardio-vasculaires et respiratoires,
- votre coordination motrice,
- votre endurance,
- vos facultés stratégiques.
Football et futsal adaptés : pour les personnes en situation de handicap mental ou psychique
Lire le jeu, travailler sa concentration, se projeter dans la prochaine phase tactique et parvenir à collaborer avec ses partenaires : pour les personnes en situation de handicap mental, psychique ou cognitif, la pratique d’un sport collectif comme le football présente des défis (et des bénéfices !) bien distincts de ceux rencontrés par les pratiquants en situation de handicap physique.
Le para football et le para futsal adaptés se pratiquent donc sous la houlette d’une fédération distincte, la Fédération Française du Sport Adapté. Elle organise de nombreuses compétitions :
- au niveau ligue (championnats départementaux, régionaux…),
- au niveau national (championnat et coupe),
- des moins de 12 ans aux adultes.
Les pratiquants y sont classifiés en fonction de leur degré de difficulté à pratiquer un sport collectif selon 4 domaines de compétences (socialisation, autonomie, communication, motricité) :
- classe AB : 3 à 4 domaines lourdement impactés,
- classe BC : 2 à 3 domaines impactés, mais plus légèrement,
- classe CD : au moins 2 domaines de compétences légèrement impactés.
Les bienfaits du para football/futsal adapté
Jouer au para football (ou futsal), c’est :
- développer ses facultés de communication et de coopération,
- renforcer sa capacité à choisir, décider et agir,
- travailler son esprit de compétition !
Les formateurs qui accompagnent les joueurs de football adapté ont pour objectif de faire progresser les joueurs :
- d’une étape dite “émotionnelle” (le joueur est focalisé sur le ballon, agit sous le coup de l’émotion immédiate au détriment de la réflexion et de la technique…),
- jusqu’à l’étape de création : individuellement et collectivement, les actions sont construites, les défenses organisées, et les joueurs sont capables de s’ajuster et de résoudre les problèmes.
C’est donc un sport parfait pour améliorer ses facultés mentales et émotionnelles (en plus de sa forme physique), la confiance en soi, et la capacité à s’inscrire dans un collectif !