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Gros plan sur des maisons de retraite pas comme les autres

Crée le : · Mis à jour le : 12/02/2024 17:10:33 · Temps de lecture :
3 minutes

Ce n’est pas un secret : l’immense majorité des Français souhaitent vieillir à domicile, pas en maison de retraite. Il faut dire que l’image des établissements d’hébergement pour personnes âgées est loin d’être idyllique. Pourtant, aux quatre coins de l’hexagone, certains innovent et proposent à leurs habitants une vie riche et bien remplie. Tour de France de ces maisons pas comme les autres.

Une boutique de mode pour refaire sa garde-robe

Quel plaisir de faire les boutiques ! Nathalie Yves l’a bien compris et a imaginé en 2019 un magasin de vêtements mobile, qui fait la tournée des Ehpad du nord de la France.

Plus qu’une simple animation, installer une boutique éphémère dans les maisons de retraite permet de redonner du pouvoir aux habitants. Celui de choisir ce qu’ils portent, de faire des achats, bref, de retrouver les gestes d’avant.

Vecteur de lien social, ces temps de « shopping thérapie » constituent aussi un moyen de renforcer l’estime de soi et la dignité des personnes accueillies.

… et un bistrot pour refaire le monde

Espaces de convivialité, de lien social par excellence, les bars tiennent souvent lieu de cœur du village, du quartier.

Et pourquoi pas de l’Ehpad ? C’est le pari qu’ont fait quelques établissements en France, comme la Maison de l’amitié à Albi (81), qui a inauguré en 2013 son bistrot ouvert sur le voisinage, ou plus récemment les maisons de retraite de Frontignan (34), avec le café solidaire Génération MDR – pour maisons de retraite - né en 2023.

Installés au sein des Ehpad, ces lieux propices aux rencontres sont fréquentés par les habitants du quartier comme les résidents. Si ces derniers sont volontaires, ils peuvent même passer derrière le bar pour assurer le service !


Télécharger le guide - Choisir l’hébergement le mieux adapté à la perte d’autonomie

Et pourquoi pas un food truck ?

Depuis juin 2023, un food truck s’est garé au cœur du jardin de l’Ehpad du Parmelan, à Annecy (74).

Ici, c’est le personnel de l’établissement et ses habitants qui sont aux manettes, et servent sandwichs et plats chauds que les clients, venus de tout le quartier, peuvent déguster sur place ou emporter.

Une façon gourmande de changer les regards sur les Ehpad et de redonner un sentiment de fierté, d’utilité aux résidents impliqués.

Après un premier test de quelques mois plus que concluant, le food truck restera définitivement au Parmelan.

Cafés philo…

Vieillir pour ou contre ? ; Quand dire c’est faire ; Qu’est-ce qu’une vie réussie ? ; L’art doit-il être beau ? ; L’expérience peut-elle être transmise ? Autant de thèmes choisis par les habitants de la résidence senior Les Pins, à Boulogne-Billancourt (92), pour leurs cafés philo.

Animée par José-Antoine Cilleros, professeur de philosophie, psychanalyste et coach, cette rencontre régulière est ouverte à tous, et rassemble aussi bien des résidents des Pins que des habitants du quartier.

L’occasion de découvrir les grands concepts de la philosophie, d’en débattre, de repartir avec des propositions de lecture sur le thème du jour, et surtout, une véritable envie de poursuivre les échanges.

… ou sexo !

Asexués, les plus âgés ? Contrairement aux idées reçues, près de 4 seniors de 75 à 85 ans sur 10 gardent une sexualité… parfois mal perçue par leurs enfants. Notamment s’ils sont veufs ou veuves : le tabou de la fidélité post-mortem reste souvent bien présent.

En Ehpad aussi, les professionnels sont souvent démunis face à la vie sexuelle des habitantes et des habitants.

Partant de ces constats, l’Ehpad les Mimosas, à Commequiers en Vendée (85), a fait appel à la sexologue Véronique Agrapart pour organiser une rencontre débat ouverte à l’ensemble des habitants de la commune : un café sexo.

Le but : libérer la parole autour de la vie affective et sexuelle des résidents, et leur permettre de la vivre à leur guise, dans le respect de chacun.

Des séances de socio-esthétique, pour prendre soin du corps et de l’esprit

Massages, manucure, maquillage, épilation… parce que ça fait du bien de prendre soin de soi, certains établissements travaillent avec des socio-esthéticiennes pour offrir des moments de plaisir et de bien-être aux habitants.

Mais plus que des soins de beauté, leur travail apporte des bénéfices inattendus aux personnes fragiles. D’abord en restaurant leur estime d’elles-mêmes, leur dignité. Ensuite en communiquant autrement, par le toucher. De quoi leur redonner confiance et les aider à aller vers les autres.

Si la socio-esthétique est bénéfique à toutes les personnes vulnérables – malades, en situation de précarité… -, elle a aussi toute sa place en Ehpad, y compris pour les personnes les moins autonomes.

En savoir plus sur la socio-esthétique

Une rue commerçante au cœur de la maison

A quelques kilomètres de Rouen (76), la maison de retraite de Maromme a été conçue comme un véritable petit village.

Brasserie, salon de coiffure, salle d’exposition, tout y est. Mais attention, il ne s’agit pas d’un décor : ces six commerces sont ouverts à la fois sur le hall de l’établissement, et sur la rue de la République à l’extérieur.

Qu’ils habitent l’Ehpad ou non, les clients s’y rencontrent, apprennent à se connaître et créent des liens.

« Le vivre ensemble, c’est également se croiser en faisant ses achats », souligne la directrice de l’établissement Marie-Pascale Mongaux-Masse.

Aujourd’hui, les trois-quarts des clients viennent de l’extérieur.

…et même un centre-ville, bureau de Poste et épicerie compris

Rien ne manque à l’Ehpad de Kersalic, à Guingamp (22) : ni la brasserie, ni le café, ni même l’épicerie, le cinéma ou le bureau de Poste.

Dans cet établissement breton, la vie est organisée en quartiers, la distribution du courrier est assurée par un habitant motivé équipé d’un déambulateur customisé aux couleurs de la Poste.

Ici, les résidents participent, et ont voix au chapitre : ils décident de l’heure à laquelle ils souhaitent déjeuner, peuvent faire leurs emplettes à l’épicerie, apporter leurs vêtements au pressing… « L’enjeu, c'est l'autonomie, la citoyenneté, la liberté », explique la directrice Corinne Antoine-Guillaume, rebaptisée « madame la maire » par des résidents-citoyens.

Des formations et du soutien pour les aidants

L’emménagement d’un parent en Ehpad ne marque pas la fin de son rôle d’aidant. Il est possible de s’impliquer dans la vie de l’établissement, en candidatant pour faire partie du conseil de la vie sociale notamment.

Et parfois, de trouver du soutien. Certains Ehpad organisent des groupes de parole pour les proches, d’autres des moments de convivialité - ateliers créatifs ou culinaires, thés dansants… où seront conviés aidants et aidés -, d’autres encore proposent des temps de détente réservés aux aidants (sophrologie, yoga, massage, séance d’esthétique…).

Certains vont encore plus loin et mettent en place des sessions de formation, comme les Ehpad Péan ou Antoine Portail à Paris, pour aider les aidants à mieux appréhender leur nouveau rôle.

Pour des aidants épanouis, et leurs proches aussi !

Une programmation culturelle quotidienne

De nombreux établissements proposent des activités artistiques et culturelles aux habitants : peinture, théâtre, chorale, concerts et même du cirque, dans la région de Toulouse (31) notamment.

Mais La maison nationale des artistes à Nogent-sur-Marne (94) pousse l’envie d’art et de culture encore plus loin, puisque cette maison de retraite a été fondée à l’origine pour accueillir artistes et écrivains âgés.

Aujourd’hui ouverte à tous, elle met à la disposition de ses habitants une académie de peinture et de dessin, des pianos pour les musiciens et propose quotidiennement concerts, lectures, conférences, performances ou projections… Sans oublier les deux expositions programmées chaque année.


Pour en savoir plus