L’Allocation aux adultes handicapés (AAH), c’est un revenu minimum accordé aux personnes en situation de handicap. À quelles conditions et après quelles démarches ? Pour quel montant ? En complément de quelles autres aides ? Ce qu’il faut savoir pour l’obtenir.
L’AAH est attribuée sous certaines conditions liées à l'incapacité de la personne, son âge, sa résidence et ses ressources.
Pouvez-vous (ou un proche en situation de handicap) en bénéficier ? À quelles conditions, pour quel montant, et en complément de quels autres revenus éventuels ? Toutes les réponses.
À lire aussi : PCH, AAH, AEEH… Toutes les aides financières pour le handicap
AAH : de quoi s’agit-il ?
L’Allocation aux adultes handicapés est un minima social, au même titre que le RSA (Revenu de solidarité active) ou l’ASPA (Allocation de solidarité aux personnes âgées), qui existe depuis très longtemps (1975, sous le nom de COTOREP).
Elle sert à compenser l’absence (ou la faiblesse) des revenus d’activité d’une personne en situation de handicap.
Selon le régime de la personne concernée, elle est versée par la Caf (Caisse d’allocations familiales) ou la MSA ( Mutualité sociale agricole) après examen de la demande d’aide par la CDAPH (Commission des droits et de l’autonomie des personnes handicapées au sein de la MDPH).
Les particularités de l’AAH
L’AAH est ce que l’on appelle une allocation subsidiaire. Certaines aides du droit commun (pension d’invalidité, rente d’accident du travail, allocation chômage, retraite) sont versées en priorité, et ne peuvent pas être refusées pour bénéficier l’AAH.
C’est aussi une allocation différentielle : son montant varie en fonction des revenus de la personne ou du foyer (salaires et autres revenus d’activité, pension d’invalidité, retraite…).

Situation de handicap
Aides financières, adaptation du domicile, soutien au quotidien… Toutes les solutions pour votre proche ou vous-même.
Le + : Un guide pratique offert !
L’AAH : quelles conditions pour en bénéficier ?
Les conditions liées au handicap
Au sein de la maison départementale des personnes handicapées (MDPH), c’est donc la CDAPH qui est chargée d’évaluer l’importance du handicap, et d’accorder ou non l’AAH.
Pour qu’elle vous l’accorde, votre taux d’incapacité :
- doit être supérieur ou égal à 80 %,
- doit être entre 50 % et 79 %, avec en sus des difficultés importantes et durables pour accéder ou se maintenir dans un emploi en milieu ordinaire. Ces difficultés doivent être liées au handicap et durer au moins un an, une situation que la MDPH désigne sous le vocable de “Restriction substantielle et durable pour l’accès à l’emploi” (RSDAE).
À lire aussi : Les affections de longue durée (ALD) reconnues pour invalidité : quelles aides obtenir
Les conditions d’âge
L’AAH est destinée aux personnes :
- âgées de plus de 20 ans,
- ou âgées de plus de 16 ans si elles ne sont plus considérées à la charge de leurs parents.
Les conditions de résidence
Pour bénéficier de l’AAH, vous devez résider de manière permanente et régulière en France : autrement dit, vos éventuels séjours à l’étranger ne peuvent pas durer plus de 3 mois consécutifs.
Les conditions de ressources
Dernière condition pour bénéficier de l’AAH : ne pas dépasser un certain plafond de revenus. En 2024, ce plafond est établi ainsi :
| Nombre d’enfants à charge | Plafond pour une personne seule | Plafond pour un couple |
|---|---|---|
| 0 | 12 193 € | 22 069 € |
| 1 | 18 289 € | 28 165 € |
| 2 | 24 385 € | 34 261 € |
| 3 | 30 481 € | 40 358 € |
| 4 | 36 578 € | 46 454 € |
Les revenus pris en compte pour ce plafond et pour le montant de l’AAH à vous accorder sont :
- si vous ne percevez pas de revenus professionnels, les revenus nets de l’année N-2 (ceux de 2023 pour une demande en 2025),
- si vous avez perçu récemment des revenus (salaire, pension, rente), ceux des 3 mois précédant la demande.
Depuis le 1er octobre 2023, l’AAH est déconjugalisée. Ce qui signifie que si (et seulement si) le calcul est plus avantageux pour vous, les revenus de votre conjoint ne sont pas pris en compte dans le calcul de l’AAH.
Calcul, montant, durée : à combien se monte l’AAH ?
Le calcul du montant de l’AAH
Le montant de l’allocation est calculé en fonction de vos ressources :
| Votre situation | Le montant de votre AAH |
| Vous n’avez aucune ressource | Le montant maximum, soit 1 016,05 € par mois (en 2024) |
| Vous travaillez en Ésat | Vous pouvez cumuler votre rémunération et l'AAH, mais la somme cumulée ne peut pas dépasser :1 801,80 € si vous vivez seul(e),2 342,34 € si vous vivez en couple,2 612,61 € si vous vivez en couple et que vous avez un enfant (ou un ascendant) à charge.Au-delà de ce montant, l’AAH est réduite. |
| Vous travaillez en milieu ordinaire | Durant les 6 premiers mois de votre emploi, vous touchez l’AAH en intégralité. Ensuite, elle est réduite en appliquant un abattement : si vous touchez moins de 30 % du Smic mensuel brut en moyenne (540,54 € en 2024), 20 % de votre salaire est déduit de l’AAH,si vous touchez plus de 30 % du Smic mensuel brut en moyenne (540,54 € en 2024), 60 % de votre salaire est déduit de l’AAH. |
| Vous touchez une pension ou une rente (pour invalidité, retraite, ou accident du travail) | Le montant maximal de l’AAH (1 016,05 € par mois en 2024), moins votre rente ou pension |
| Vous êtes hospitalisé(e) ou hébergé(e) en Maison d'accueil spécialisée (Mas) ou vous êtes incarcéré(e) | Au-delà de 60 jours de séjour, votre AAH est réduite à 30 %, soit 305 € par mois, sauf si : vous payez un forfait journalier, soit 20 € par jour,vous avez au moins un enfant à charge, vous avez un ascendant à charge au sens fiscal (vous lui versez une pension alimentaire),la personne avec laquelle vous vivez en couple ne travaille pas pour un motif reconnu par la CDAPH.À la fin de votre hospitalisation ou hébergement, vous recevez de nouveau le montant maximal de l'AAH, soit 1 016,05 €. |
L’AAH n’est pas imposable, elle n’a pas à être intégrée dans votre déclaration de revenus.
La durée de l’AAH
L’AAH est accordée pour une certaine durée, établie en fonction du taux d’incapacité :
- Taux d’incapacité de 50 à 79 % : l’AAH peut vous être accordée pour 1 ou 2 ans. Si l’on estime que votre handicap ne peut pas évoluer favorablement au cours de cette période, cette durée peut être portée à 5 ans.
- Taux de 80 % ou plus : l'AAH est accordée pour une durée de 1 à 10 ans ou à vie si votre handicap ne peut pas évoluer favorablement.
Le renouvellement de l’AAH
Pour demander le renouvellement de votre AAH, anticipez ! Six mois avant la fin de la période d’attribution de l’allocation :
- téléchargez le formulaire Cerfa n° 15692*01,
- cochez la case « Je souhaite bénéficier d’une procédure simplifiée » en page 4 du formulaire,
- joignez à votre demande :
- un certificat médical daté de moins d'1 an,
- une photocopie d’un titre d’identité (carte nationale d’identité ou passeport) et le cas échéant, celle votre représentant légal,
- une photocopie d’un justificatif de domicile,
- une attestation de jugement en protection juridique, le cas échéant.
BON À SAVOIR
Il y a du changement dans votre situation ? En cas de déménagement, de modification de vos coordonnées bancaires, ou encore d’évolution de votre situation familiale, informez-en sans tarder la Caf ou la MSA.
Demander l’AAH : quelles sont les démarches à suivre ?
1. Récupérez et remplissez le formulaire de demande de prestation handicap
Toutes les démarches (demande ou renouvellement) concernant le handicap sont à effectuer auprès de votre MDPH (Maison départementale pour les personnes handicapées), à l’aide d’un formulaire unique (Cerfa n° 15692*01). Vous avez le choix entre :
- télécharger le formulaire pour le remplir chez vous,
- effectuer vos démarches 100 % en ligne (la majorité des MDPH le permettent désormais),
- vous rendre à l’accueil de votre MDPH pour y récupérer un formulaire imprimé.
Dans tous les cas, remplissez avec un soin particulier la partie “Votre vie quotidienne” (à partir de la page 6) : c’est celle qui vous permet d’expliquer les difficultés rencontrées en raison de votre handicap, pour obtenir la ou les aides adaptées à votre situation.
2. Rassemblez les justificatifs nécessaires
Dans le cas d’une demande d’AAH, ces pièces justificatives sont :
- un certificat médical prévu pour les demandes MDPH, de moins de 6 mois, rempli, daté et signé par votre médecin (généraliste ou spécialiste),
- un bilan auditif ou un bilan ophtalmologique si vous présentez des atteintes auditives ou visuelles,
- une photocopie recto-verso de votre pièce d’identité (carte d’identité ou passeport) ou celle de votre représentant légal si nécessaire,
- un justificatif de domicile,
- une attestation de jugement en protection juridique si vous êtes sous tutelle ou curatelle.
3. Déposez le dossier complet auprès de votre MDPH
Vous pouvez le faire :
- par courrier (recommandé avec accusé de réception),
- par Internet directement si vous passez par le service MDPH en ligne.
BON À SAVOIR
De l’aide pour votre dossier
Compléter correctement le formulaire de demande de prestation Handicap n’a rien d’évident, surtout pour une première demande. Faites-vous aider :
- par un professionnel de votre MDPH,
- par un travailleur social rattaché au CCAS de votre commune ou une assistante sociale,
- par l’une des nombreuses associations d’aide aux personnes en situation de handicap.
Situation de handicap : se faire aider
4. Suivez l’instruction de votre dossier
Suite au dépôt de votre demande, vous recevrez une notification (un accusé de réception) à conserver précieusement : il indique le numéro de votre dossier.
La MDPH effectue une évaluation de vos besoins sur la base des informations que vous lui avez communiquées, et si nécessaire en vous demandant plus de précisions. Cette évaluation peut durer 4 mois.
La CDAPH est ensuite réunie pour statuer sur votre demande. Sa décision vous est communiquée dans les 4 semaines qui suivent :
- si l’AAH vous est accordée : la MDPH en informe l’organisme chargé du versement (Caf ou MSA), qui en calcule ensuite le montant ;
- si l’AAH vous est refusée : vous disposez de recours pour contester la décision.
5. En cas de refus d'AAH, contestez la décision de la MDPH
Cas n°1 : la MDPH vous refuse l’AAH
Dans ce cas, 2 voies pour obtenir un réexamen de votre situation :
- engager une conciliation avec la MDPH (demande à faire par courrier dans les 2 mois suivant le refus de votre première demande), pour obtenir un rendez-vous, et un éventuel retour devant la CDAPH,
- déposer un recours administratif préalable obligatoire (Rapo) auprès de la MDPH en demandant que votre dossier soit reconsidéré. En cas d’échec, ce recours peut être suivi d’un 2e auprès du Tribunal de grande instance.

Après la constitution du dossier de demande de MDPH (le certificat médical + le formulaire de demande MDPH + Pièces complémentaires), il est examiné par la CDAPH. A partir de là, soit le statut MDPH est obtenu par la ratification par la CDAPH dans un délai maximal de 4 mois entre la constitution du dossier et la décision ; soit la demande est rejetée. Dans ce dernier cas, il est possible de faire un recours administratif auprès de la MDPH dans les 2 mois suivant la notification du rejet (ou en cas de non-réponse à votre de demande dans le délai de 4 mois). Si votre recours administratif est également rejeté alors il est possible de faire un recours contentieux en 1ère instance (TGI), puis, si besoin, en appel (cour d'appel).
Cas n°2 : la Caf ou la MSA vous refuse l’AAH
En cas de non-respect d’une condition administrative (âge, résidence, ressources…), votre organisme payeur (Caf ou MSA) peut refuser de vous accorder l’AAH même si l’avis de la MDPH est favorable.
Pour contester cette décision, suivez ces étapes :
- faites une réclamation auprès du service chargé de votre dossier,
- faites appel au médiateur de la Caf (ou celui de la MSA) si vous n’avez pas obtenu satisfaction,
- puis envoyez un courrier à la commission de recours amiable (CRA) de de la Caf ou de la MSA,
- dernier recours, enfin, la voie judiciaire, en saisissant le tribunal judiciaire de votre lieu de résidence, puis la Cour de cassation en cas de première décision défavorable.
AAH : avec quels autres revenus peut-elle se cumuler ?
Pourvu qu’ils ne dépassent pas certains plafonds, vos revenus professionnels sont cumulables avec l’AAH. Mais il est aussi possible de cumuler cette allocation avec d’autres ressources et aides financières.
| Revenu ou aide | Cumul avec l’AAH ? |
| Pension de retraite | Possible si : votre taux d’incapacité est de 80 % ou plus,votre pension est inférieure au montant maximal de l’AAH : vous percevez alors la différence entre ce montant maximal et celui de votre pension.Si votre taux d'incapacité est compris entre 50 % et 79 %, le versement de l’AAH s’arrête lorsque vous atteignez l’âge légal de la retraite. Si votre retraite est trop faible, vous pouvez prétendre à l’Aspa (minimum vieillesse). |
| Prime d’activité | Oui, la prime d’activité n’est ni imposable, ni prise en compte dans le calcul de l’AAH. Il vous faudra toutefois remplir 2 déclarations de revenus trimestrielles (une pour l’AAH, une pour la prime d’activité) |
| Pension d’invalidité | Oui, son montant est déduit du montant de l’AAH auquel vous pouvez prétendre. |
| RSA | Oui, son montant est déduit du montant de l’AAH auquel vous pouvez prétendre. |
| APL | Oui |
| MVA et complément de ressources | Oui, , si votre taux d'incapacité est de 80 % minimum (voir ci-dessous) |
| PCH | Oui |
LE SAVIEZ-VOUS ?
La MDPH peut accorder des aides financières pour compenser des frais qui resteraient à la charge des personnes handicapées (après déduction de l’allocation versée au titre de la PCH), grâce à un fonds départemental de compensation du handicap. Vous pouvez également solliciter votre caisse de retraite complémentaire, votre mutuelle et les associations locales.
Consultez notre guide des aides financières
MVA (Majoration pour la vie autonome) : un complément pour faire face aux dépenses courantes
La Majoration pour la vie autonome est une aide supplémentaire pour permettre aux personnes en situation de handicap de faire face aux dépenses du quotidien (entretien et travaux dans le logement, courses, factures..)..
Pour en bénéficier, il faut remplir les conditions suivantes :
- présenter un taux d’incapacité de 80 % ou plus,
- bénéficier de l’AAH à taux plein, ou en complément d’une retraite ou d’une pension d’invalidité (et donc dans tous les cas ne pas avoir de revenus professionnels),
- ou bénéficier de l’Asi (Allocation supplémentaire d'invalidité aux mêmes conditions que pour l’AAH),
- habiter dans un logement indépendant et percevoir une aide au logement (allocation de logement sociale ou familiale, ou aide personnalisée au logement).
MVA : montant et démarches
La MVA représente une aide supplémentaire de 104,77 €, versée tous les mois.
Pour l’obtenir :
- si vous bénéficiez de l’AAH, pas de démarche : la Caf ou la MSA vous attribuera automatique la MVA dès lors que vous remplissez les conditions d’attribution,
- si vous bénéficiez de l’Asi, vous devez demander à bénéficier de la MVA auprès de votre MDPH.
En cas :
- d’hospitalisation,
- d’hébergement dans un établissement social ou médico-social,
- ou d’incarcération dans un établissement pénitentiaire,
la MVA vous sera encore versée dans les 60 premiers jours, puis suspendue, et de nouveau attribuée à votre retour à domicile.
BON À SAVOIR
Il existait une autre aide en complément de l’AAH : le complément de ressources. Il a été supprimé depuis le 1er décembre 2019, et remplacé par la MVA.
Mais si vous perceviez cette aide jusqu'à cette date, vous continuez d'en bénéficier pendant 10 ans sous réserve de remplir les conditions d'attribution (liées à votre taux d'incapacité, vos ressources et votre logement).