Aider un proche au quotidien peut conduire un aidant à l’assister pour sa toilette, parfois à la faire pour lui. Une entrée dans la sphère privée de son proche qui n’est pas toujours facile à vivre, pour l’un comme pour l’autre. Nos conseils pour faire de ce geste de tous les jours un moment serein et apaisé.
En faire le moins possible
Même s’il met du temps, même s’il a besoin d’aide pour dévisser un flacon ou ouvrir le robinet, il est essentiel de laisser votre proche accomplir seul tous les gestes qu’il peut.
Plutôt que de se focaliser sur la perte d’autonomie, misez sur les capacités restantes : ainsi, il restera autonome plus longtemps que si vous faites à sa place.
Sans compter l’effet sur son estime de lui !
Aussi, observez, ajustez la routine du matin ou du soir dans la salle de bain, et si nécessaire, investissez dans des objets qui lui faciliteront la tâche, et lui permettront de faire sa toilette en toute sécurité.
Quitte à ce que vous restiez à proximité en cas de besoin, pour lui remontrer par exemple les gestes qu’il doit faire, les objets qu’il doit utiliser, qu’il s’agisse de matériel classique ou spécialisé. Les aides techniques dédiées à la toilette et à l’habillage sont en effet nombreuses.
Il existe par exemple des éponges à long manche, des brosses à cheveux ergonomiques, des enfile-bas ou chaussettes, des chausse-pieds télescopiques, des lacets élastiques pour mettre et ôter ses chaussures sans dénouer les lacets, et même des accessoires qui aident à la fermeture des bijoux.
Ces objets sont généralement peu onéreux, et se trouvent dans les boutiques spécialisées, en ville ou en ligne.
Pour faciliter l’usage du lavabo, vous pouvez installer un mitigeur automatique, qui vous coûtera une centaine d’euros en magasin spécialisé plomberie/salle de bains.
Côté sécurité, vous connaissez les barres d’appui, les tapis anti-dérapants ou les chaises de douche, qui peuvent être financés par l’allocation personnalisée d’autonomie si votre proche la perçoit, ou par sa caisse de retraite.
Et si c’est un intervenant professionnel qui assiste votre proche pour sa toilette, veillez à ce qu’il respecte lui aussi l’autonomie de votre proche.
Et vous, qui vous aide ?
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Mettre votre proche en condition
Parfois, et notamment si votre proche souffre de troubles cognitifs, il peut exprimer un refus d’aller se laver.
Sans l’y forcer, il va falloir trouver des solutions pour obtenir son consentement.
D’abord, essayez de comprendre ce qui motive ses réticences. Peut-être que ce n’est pas le bon moment, ou peut-être que le passage à la salle de bain lui est désagréable. Peut-être qu’il fait trop froid, qu’une odeur le gêne, ou tout simplement qu’il n’a pas envie de se déshabiller devant vous ou un professionnel.
Posez-lui la question, ou, s’il ne peut pas s’exprimer, ajustez différents paramètres comme la température de la pièce ou de l’eau…
Une fois ces problèmes réglés, à vous d’initier la toilette en douceur. Regardez votre proche, touchez-le, rassurez-le et expliquez-lui ce qui va se passer.
Vous pouvez aussi instaurer une routine et faire de ce moment un temps de partage. Choisissez ensemble une chanson, chantez…
Pour que votre proche soit le plus détendu possible, vous pouvez aussi évoquer des souvenirs agréables, pour que la toilette se passe sans même qu’il s’en rende compte.
Joindre le geste à la parole
Si votre proche est désorienté, certains de vos gestes peuvent être perçus comme des agressions, malgré vos bonnes intentions.
Il est essentiel de ne pas surprendre votre proche, et de lui expliquer tout ce que vous faites.
« Là, je prends la brosse à dent. Maintenant, je débouche le dentifrice que tu aimes bien, pour prendre soin de tes dents, et j’en mets un peu sur la brosse. A présent je vais ouvrir le robinet pour mouiller un peu la brosse. Peux-tu ouvrir la bouche doucement ? … »
Loin d’être inutiles, ces mots simples aident votre proche à se rendre compte de ce qu’il est en train de se passer, à le rassurer. Maintenez si possible un contact, même quand ce n’est pas nécessaire, regardez-le dans les yeux pour qu’il ne se sente pas perdu.
Utiliser les bons produits
La peau devient plus fine et plus fragile avec l’âge, veillez à choisir des produits nettoyants doux, idéalement un savon surgras ou un pain dermatologique sans savon.
Pour la toilette intime, utilisez un produit spécialement étudié pour, et réservez du linge de toilette (gant et serviette à cet usage).
Une fois la peau bien rincée, pour éviter tout résidu de savon, et bien sèche, vous pouvez appliquer une crème, hydrophobe pour protéger la peau, ou apaisante en cas d’irritation (fréquente si votre proche montre des troubles de la continence).
En revanche, le talc est à bannir, car il favorise la macération et les infections cutanées. Evitez également les cotons-tiges et préférez les compresses pour nettoyer le pavillon et le pourtour des oreilles.
Pour l’hygiène bucco-dentaire, il est recommandé d’utiliser une brosse à dent souple à petite tête pour préserver la gencive. Le dentifrice doit contenir suffisamment de fluor, et son action peut être complétée par un bain de bouche à base de bicarbonate de sodium, qui diminue l’acidité buccale. Le dentiste ou le pharmacien pourront vous conseiller.
… et apprendre à faire les bons gestes
Nous savons tous faire notre toilette, pourtant, il n’est pas si évident de laver un autre, a fortiori s’il s’agit d’une personne fragile. Les professionnels, auxiliaires de vie, aides-soignants ou infirmiers y sont d’ailleurs formés.
Pour aider les aidants, différents organismes proposent gratuitement tutoriels et formations.
France Alzheimer par exemple intègre un module « Accompagner au quotidien » dans sa formation pour les aidants.
Plus spécifiques, les vidéos et les webinaires de notre partenaire Humagogie permettent de glaner astuces et conseils, et de découvrir en images le matériel adéquat ainsi que les bons gestes à réaliser au quotidien. Plusieurs d’entre eux sont consacrés à la toilette.
Faire appel à un pro
Certains aidants considèrent la toilette comme un moment de partage et d’échanges, d’autres préfèrent ne pas pénétrer dans l’intimité de leur proche. De même, la personne aidée n’a pas forcément envie que son conjoint ou son enfant se charge de son hygiène.
S’il est inconcevable pour l’un ou pour l’autre que l’aidant soit en charge de l’aidé, il ne faut pas hésiter à faire appel à un professionnel, dont c’est le métier.
Mieux vaut choisir un intervenant formé, titulaire du diplôme d’auxiliaire de vie (diplôme d’Etat d'accompagnant éducatif et social, ou DEAES). Il peut être financé par l’allocation personnalisée d’autonomie (Apa), à demander aux services du Conseil départemental ou de la mairie.
A noter : les aides-soignants et les infirmiers peuvent aussi être appelés à réaliser des soins d’hygiène, mais uniquement sur prescription du médecin. Leur intervention est alors prise en charge par l’Assurance maladie.