Pendant les traitements, et longtemps après, le cancer impacte la santé, l’image de soi, la vie affective, familiale et professionnelle des malades. Quelles sont les conséquences de cette maladie pour un proche malade ?
Au-delà d’être une maladie grave, mais heureusement moins meurtrière que par le passé (-2% de morts par an chez les femmes et -O,7% chez les hommes depuis 2010), le cancer entraîne de nombreuses complications : physiques, psychologiques, sociales…
Même lorsqu’on en guérit, un cancer a en effet des impacts immédiats, et à long terme : en juin 2018, une enquête de l’Inserm et de l’INCa à révélé que, 5 ans après leur cancer, 63,5% des personnes souffrent encore de séquelles.
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Les conséquences physiques du cancer
Douleur et fatigue dégradent la qualité de vie
C’est LE point le plus fréquemment cité par les personnes atteintes d’un cancer : durant les traitements notamment, des douleurs assorties d’une fatigue généralisée reviennent systématiquement.
Difficiles parfois à évaluer de l’extérieur, ces douleurs conduisent les malades à se replier sur eux-mêmes, et à limiter leurs activités professionnelles ou sociales : 46,1% des personnes interrogées dans l’enquête Inserm/INCa en font état.
Une apparence physique qui complexe les malades
La chimiothérapie et la radiothérapie peuvent avoir des effets indésirables :
- sur le système pileux (chute des cheveux, mais aussi des cils et sourcils),
- sur la peau (plus sensible et plus sèche), les ongles (cassants)...,
- sur le poids et la corpulence (certains médicaments notamment influent sur la prise de poids et la rétention d’eau, et le système alimentaire est souvent perturbé) : 5 ans après le diagnostic, 16,4% des personnes sont en situation d’obésité, et 33,4% en surpoids.
Conséquence ? Dans l’enquête pré-citée, 29,1% des personnes interrogées se déclarent gênées par leur apparence, et 35% se sentent moins attirantes. Certains de ces changements d’apparence sont d’ailleurs définitifs, entraînant une dégradation de l’estime de soi qui influe sur le moral.
Des troubles auditifs, cognitifs ou sexuels
Parmi les autres séquelles relevées, on note :
- des troubles génitaux ou sexuels chez 51,5 % des hommes et 39,5 % des femmes (chez ces dernières, la radiothérapie peut même avancer la ménopause),
- une dégradation de l’audition (chez 39,7% des sondés),
- des troubles cognitifs (diminution de l’attention et de la mémoire pour 35,9 % des personnes interrogées),
- pour certains cancers, enfin, peuvent s’ajouter des troubles de la mobilité ou de la vision
Les conséquences sociales du cancer
Les impacts d’un cancer ne sont pas que physiques : la maladie a aussi un coût moral, social, voire financier pour les malades et leurs proches.
L'impact du cancer sur la vie familiale et sociale
C’est sur la cellule familiale, logiquement, que les impacts du cancer sont les plus importants. En effet, dès le diagnostic de la maladie :
- les rôles sont redistribués si c’est un parent qui est malade et est contraint de se mettre en retrait, ou si c'est un enfant dont les frères et sœurs sont forcément moins "couvés",
- les désaccords, et crises sont plus fréquents car la gravité de la maladie met tout le monde en tension.
Au cours d’épisodes comme le diagnostic, les traitements, le retour à domicile… la famille subit des bouleversements et un stress intenses, auxquels s’ajoutent des considérations pratiques qui compliquent le “train-train” quotidien.
Elle se renferme également sur elle-même, et même en cas de rémission, le retour à la normale tant espéré n’a rien d’une évidence : la dynamique familiale a été durablement perturbée, et les rôles des uns et des autres ont changé.
Quant aux malades, les cas de dépression et de sentiment de “vide” ne sont pas rares après une guérison : tout ceci complique la reprise des relations affectives et amicales qu’on entretenait avant.
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L’impact du cancer sur la vie professionnelle
Moment-clé de ce fameux retour à une certaine forme de normalité, la reprise d’une activité est autant crainte qu’espérée par les malades.
Elle peut poser des problèmes particuliers (reprise progressive, adaptée, avec un temps de travail partiel…), mais aussi ne pas arriver du tout : l’enquête Inserm/INCa montre en effet que, 5 ans après un cancer, les anciens malades :
- travaillent davantage durablement à temps partiel (leur taux d’activité est de 83,9% contre 94,2% pour l’ensemble des actifs),
- sont davantage au chômage (taux d’emploi de 75,9% contre 87,3%).
Des situations qui entraînent des difficultés financières plus importantes, et possiblement impactent le moral.
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Des conséquences psychologiques et morales
Moins évidents à « chiffrer », peut-être, mais néanmoins avérés, ces impacts psychologiques ne sont pas à négliger. Elles relèvent par exemple :
- de l’inquiétude que suscitent la menace de la maladie et la confrontation avec l’idée de risque du décès,
- de situations familiales stressantes, réactions des proches, changements dans la vie familiale de tous les jours, crise du couple, modification des rôles familiaux…
- du sentiment de perte de son autodétermination et de son indépendance.