Déni, colère, tristesse, quête de sens… Du diagnostic à la guérison ou la récidive, une personne atteinte du cancer passe (parfois brutalement) par des états psychologiques forts… et difficiles à vivre pour ses aidants. Voici de quoi mieux les comprendre.
Vocabulaire guerrier (combattre la maladie, se faire violence…), discours axé sur la force mentale (le moral, c’est 50% du processus de guérison)... Le cancer véhicule de nombreuses injonctions et surtout des idées reçues.
Oui, guérir d’un cancer est une lutte. Oui, un “bon” moral aide à traverser la maladie. En revanche, aucune étude n’a prouvé que la détresse psychologique pouvait aggraver la maladie et réduire les chances de guérison.
Lors d’un cancer, votre proche va immanquablement passer par des états psychologiques compliqués, et subir des émotions négatives qu’il ne maîtrise pas. Il s’agit de les connaître, d’en comprendre les raisons, pour aider votre proche du mieux que vous pouvez.
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Du diagnostic à la guérison : un “grand huit” émotionnel et psychologique
Lors du diagnostic
Lors des premiers rendez-vous avec son médecin, les examens complémentaires qui lui sont prescrits, puis à l’annonce du diagnostic d’un cancer, votre proche est “sonné”.
Lorsqu’on est bien portant, on vit dans une illusion d’immortalité : cette illusion vole en éclat. Conséquence ? Votre proche malade va ressentir :
- une forme de sidération et de désarroi,
- une réaction de déni,
- de la colère ou de la révolte.
Ces phases ne s’enchaîneront pas forcément les unes à la suite des autres, elles dureront plus ou moins longtemps selon les personnes, mais elles traduisent toute une réalité : une difficulté à accepter le “couperet” de ce diagnostic dans les premiers temps : l’injustice de la maladie, l’incompréhension… peuvent “tourner en boucle”.
C’est une des explications au fait que certains malades préfèrent cacher pendant longtemps leur maladie à leur entourage… alors que d’autres choisissent à l’inverse de l’annoncer à tout le monde.
Au cours des traitements
Après le diagnostic, lorsque les traitements débutent, la maladie prend toute sa réalité. Les impacts physiques du cancer s’installent, et la dénégation n’est plus de mise.
Votre proche va alors alterner entre des phases :
- d’abattement, d’apathie et de tristesse : la dépression est un vrai risque,
- d’angoisse et de peurs,
- d’acceptation et de combativité.
L’état psychologique de votre proche sera étroitement lié à son état physique, et aux résultats des traitements en cours. À ce stade, l’important pour le malade est de trouver les leviers qui le motiveront à se battre : en d’autres termes, des raisons de vivre : pour ses enfants, pour son ou sa conjointe… Même la colère (qui peut s’exprimer envers son entourage ou ses soignants) peut à ce stade être bon signe : elle montre que votre proche ne se résigne pas.
Après une hospitalisation
Durant un traitement, et a fortiori lorsqu’il a été hospitalisé, le malade passe sans transition de périodes où il est sur-entouré à des moments de solitude. Le contraste peut-être brutal, le désœuvrement pouvant conduire au repli sur soi, à l’inquiétude…
Ce sont des épisodes compliqués à gérer pour les aidants d’un malade du cancer : ce dernier a besoin de se focaliser sur lui-même et sur son combat contre la maladie, mais il faut aussi veiller à ce qu’il ne se renferme pas. Pas simple…
Après la guérison
Lorsque les traitements ont fonctionné, et que la menace s’éloigne, les proches du malade considèrent qu’il s’agit d’organiser un “retour à la normale”. Mais pour le malade, ce n’est pas si simple.
Pourquoi ? D’abord parce que la guérison ou la rémission ne résolvent pas d’un coup tous ses problèmes physiques : les séquelles d’un cancer perdurent longtemps après la fin des traitements.
Mais aussi parce que cette expérience transforme en profondeur la psychologie des (anciens) malades, qui en se reconstruisant après un cancer vont passer par :
- une phase de questionnement, de quête de sens : être passé si “près de la mort” change les perspectives,
- une volonté de « privilégier l’essentiel » : il peut s’agir de s’orienter vers un autre métier (ou de travailler moins mais mieux), de revoir leurs liens d’amitié ou d’affection, de changer d’environnement plus ou moins drastiquement…
En cas de récidive
Pour votre proche, la récidive si elle survient est l’une des phases les plus difficiles à vivre. Outres les émotions négatives déjà éprouvées auparavant (colère, découragement, angoisse), il peut ressentir :
- de la culpabilité (de vous refaire passer par les mêmes épreuves, de s’être “mal soigné”...),
- une vulnérabilité et un sentiment d’injustice accru.
Si par malheur la maladie s’avère incurable, votre proche gèrera ce verdict comme il le peut : chez certaines personnes, cela se traduit par une volonté de profiter au maximum du temps qu’il leur reste, un besoin de relation affectives démultiplié. Chez d’autres, c’est au contraire un repli sur soi qu’on observe.