Pour soulager le stress, soigner des démangeaisons, des contusions ou des douleurs, l’homéopathie est utilisée par plus de 3 Français sur 4. Comment fonctionne-t-elle ? Quand et comment y avoir recours ? Nos réponses.
D’après une enquête Ipsos, 77 % des Français ont déjà eu recours à l’homéopathie, la plupart du temps en complément de traitements médicaux “classiques”. Comment faire bon usage de cette médecine alternative, et en quoi l’homéopathie peut aider à mieux se soigner, notamment pour les pathologies constatées chez les personnes âgées ou en perte d’autonomie ?
Homéopathie : comment cela fonctionne ?
L’homéopathie (du grec homoios, qui signifie “semblable”) est une médecine douce qui consiste à administrer à un malade, à doses très diluées, une substance capable de produire des troubles semblables à ceux qu'il présente.
On l’oppose à l’allopathie (du grec állos, “autre”), notre médecine “classique”, où l’on prescrit des substances qui ont un effet inverse aux troubles du patient.
Similitude, dilution, individualisation : les trois principes de l’homéopathie
L’homéopathie repose sur trois grands principes.
Le principe de similitude
En homéopathie, on soigne en quelque sorte le mal par le mal, en prescrivant une substance qui (à haute dose) provoquerait chez le malade les mêmes effets que ce dont il souffre : une plante qui provoque des symptômes fiévreux pour traiter la fièvre, le venin de l’abeille pour soigner un œdème…
Le principe de dilution
Défendu en premier par Samuel Hahnemann (1755-1843, l’un des grands responsables des avancées de l’homéopathie), le principe de dilution infinitésimal consiste à n’administrer qu’une dose extrêmement réduite de la substance (qui serait nocive à dose normale).
Cette dilution est mesurée en CH (Centésimale Hahnemannienne) : 1 CH signifie que la substance de base est diluée dans 99 fois son volume de liquide (solution hydroalcoolique) ou de poudre (saccharose et lactose), 2 CH qu’une solution à 1 CH est de nouveau diluée dans 99 fois son volume… et ainsi de suite, jusqu’à une dilution maximale de 30 CH.
Selon le type de symptôme, la dilution sera :
- basse (autour de 4-5 CH) pour les symptômes locaux (une inflammation, un œdème…),
- moyenne (7 à 9 CH) pour les symptômes plus généraux (fièvre, stress…),
- haute (15 à 30 CH) pour les symptômes psychiques ou comportementaux.
Le principe d’individualisation
En homéopathie, on ne prend pas uniquement en compte les symptômes à soigner mais l’individu dans sa globalité (physique, psychique) : c’est pourquoi on la qualifie de médecine holistique. Conséquence : le même mal chez 2 personnes différentes pourra être soigné avec 2 traitements homéopathiques différents.
Les souches homéopathiques : quelles substances sont utilisées en homéopathie ?
Les souches, ce sont les ingrédients qui sont dilués à des doses infinitésimales. Il en existe plus de 3 000, et elles peuvent être d’origine :
- végétale (80 % des souches), comme l’Arnica, le Gelsemium, la Chamomilla…
- animales (Apis Mellifica, Sepia…),
- minérales ou chimiques (Alumina, Silicea…).
Que soigne l’homéopathie ?
L’homéopathie, lorsqu’elle est prescrite dans le cadre d’un accompagnement médical global, peut aider à surmonter de nombreux “pépins” de santé très fréquents chez les personnes âgées et/ou en perte d’autonomie.
Le stress, l'anxiété et l’angoisse
A la source de nombreux problèmes de santé (physiques comme psychologiques), le stress est l’une des principales raisons de recourir à l’homéopathie.
Pour réduire le stress et l’anxiété, les homéopathes recommandent :
- Gelsemium (en traitement de fond contre l'anxiété chronique),
- Rhus Toxicodendron (pour l'agitation),
- Ambra Grisea (stress en société),
- Arnica (lorsque le stress génère une tension physique),
- Ignatia,
- Aconitum napellus.
Pour les crises d’angoisse plus profondes, ils prescrivent souvent :
- Aconitum napellus,
- Argentum Nitricum,
- Arsenicum Album,
- Ambra Grisea.
Enfin, parce qu’elles sont souvent une manifestation de l’anxiété, un certain nombre de souches homéopathiques servent à traiter les insomnies :
- Coffea Cruda,
- Arsenicum Album,
- Nux Vomica.
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La fièvre et les inflammations
Selon le type de fièvre (fort ou non, avec ou sans suées), le traitement homéopathique incluera de l’Apis mellifica (venin d’abeille), de l’Aconitum napellus (une renoncule), de la Belladonna (belladonne) ou du ferrum phosphoricum (phosphate de fer). L’Arnica (issu d’une fleur de montagnes) est aussi utilisé comme anti-inflammatoire.
Le cholestérol
L'homéopathie va s'efforcer, en plus des mesures d'hygiène de vie (bouger, faire attention à son alimentation, aux sucres notamment, ne pas fumer...) à bien mobiliser les lipoprotéines HDL (responsable du “transport” du cholestérol vers le foie) et à optimiser le fonctionnement des organes qui éliminent les déchets de l’organisme (foie, reins).
Les sources homéopathiques couramment utilisées pour éliminer le “mauvais” cholestérol sont généralement prescrites à des dilutions moyennes (9 CH) :
- Cholesterinum,
- Lycopodium,
- Sulfur,
- Aurum,
- Nux vomica.
Les démangeaisons
Sécheresse de la peau, eczéma, urticaire, allergies… Les causes d’une démangeaison peuvent être très variées, avec des réponses homéopathiques à choisir avec votre médecin parmi :
- Lycopodium,
- Staphysagria,
- Apis mellifica,
- Belladonna,
- Ledum Palustre,
- Poumon histamine.
Les œdèmes et contusions
Bleus, bosses, contusions : pas forcément graves, mais douloureux, ces désagréments peuvent être efficacement traités grâce à l’homéopathie, souvent avec Arnica montana, parfois associé à :
- Apis mellifica,
- Calcarea fluorica (pour les bosses répétitives),
- Ledum palustre (pour l’œil au beurre noir),
- Natrum sulfuricum,
- Lachesis (bleus spontanés),
- Gelsemium,
- Ignatia.
Les douleurs musculaires ou articulaires
L’homéopathie est fréquemment utilisée pour soulager les douleurs musculaires. Sous cette appellation, on distingue :
- les contractures, traitées avec Magnesia Phosphorica, et en complément Arnica montana, Calcarea Carbonica, Causticum ou Ignatia amara,
- les courbatures généralisées, traitées avec Arnica montana ou Rhus Toxidodendron,
- les crampes, traitées avec Cuprum métallicum et Arnica montana.
Les douleurs articulaires, elles, vont être soignées en homéopathie avec :
- Bryonia alba,
- Rhus toxicodendron,
- Dulcamara.
L’arthrose
Soigner l’arthrose, cette altération des cartilages articulaires, se fait de 2 manières en homéopathie :
- par un traitement de fond des symptômes de l’arthrose : Calcarea carbonica ou Calcarea phosphorica en cas de déminéralisation, Symphytum et Arnica montana si les os sont fragilisés, Hekla lava et Calcarea fluorica lorsque de petites excroissances osseuses apparaissent… ;
- Par un traitement visant à réduire la douleur. En fonction de la localisation de la douleur et de ce qui la soulage habituellement (le froid ou le chaud, le “dérouillage”, la contention…), votre homéopathe vous prescrire Rhus toxicodendron, Bryonia alba, Causticum, Medorrhinum, Dulcarama, Natrum sulfuricum, Ledum palustre…
L’hypertension
Dans le cas d’une hypertension spasmodique (non permanente), l’homéopathie est utilisée pour minimiser ou “lisser” les symptômes, à base de :
- Aconitum napellus,
- Ignatia amara,
- Nux vomica,
- et parfois Belladonna ou Glonoinum.
Comment se soigner avec l’homéopathie ?
Les médicaments homéopathiques peuvent se présenter sous forme de solution, de poudre, de suppositoire, de crème...
Leur forme la plus connue (et la plus souvent prescrite) sont les tubes de granules (ou de globules, plus petites) de sucre contenant la dilution homéopathique.
Quand prendre son homéopathie ?
Les homéopathes recommandent de prendre les granules :
- à distance des repas (un peu avant, ou plus d’une heure après),
- avant de se brosser les dents (pour éliminer le sucre),
- à raison de 3 à 5 granules par prise, que l’on fait fondre sous la langue.
Dans certains cas (par exemple pour un traitement homéopathique de l’insomnie, ou de crises d’angoisse), le traitement est à prendre immédiatement. Pour les traitements de fond, il est à ingérer à intervalles réguliers dans la journée.
Si votre traitement comporte plusieurs types de granules différentes, vous pouvez toutes les prendre au même moment.
Combien coûte l’homéopathie ?
Lorsque vous consultez un médecin généraliste qui pratique également l’homéopathie, la consultation homéopathique :
- coûte entre 35 et 60 € (si le médecin peut dépasser le tarif de base),
- et est remboursée à 70 % par la Sécurité Sociale sur la base du tarif de base (ou 30 % si la consultation homéopathique s’effectue en dehors du parcours de soins coordonnés).
En revanche, depuis le 1er janvier 2021, les médicaments homéopathiques ne sont plus du tout remboursés (et leur TVA est passée dans le même temps de de 2,1 % à 10 %).
Certaines mutuelles proposent malgré tout le remboursement des médicaments homéopathiques, notamment dans le cadre de forfaits spécifiques aux médecines “douces”.
Y a-t-il des contre-indications à la pratique ?
En raison des très faibles concentrations des principes actifs de l’homéopathie, il n’y a pas de contre-indications pour ces traitements, qui peuvent tout à fait être pris en complément de médicaments “traditionnels”.