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Jeunes aidants : qui sont-ils et comment les aider ?

Jeunes aidants : qui sont-ils et comment les aider ?
Crée le : · Mis à jour le : 24/10/2022 10:17:40 · Temps de lecture :
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Un demi-million d’enfants et d’adolescents aident un proche en situation de dépendance. Qui sont ces aidants encore méconnus ? Que pensent-ils de leur situation ? Et comment mieux les aider à faire face ? Réponses à l’occasion du premier colloque français sur les jeunes aidants.

La France compte 8,3 millions d’aidants, régulièrement au chevet d’un proche dépendant (à cause d’un handicap, d’une maladie, ou de l’âge). Ce sont en majorité des femmes (53 %), au soutien de leur conjoint (57 %), et plutôt âgées (57 % de plus de 50vans).

Mais de nombreux aidants échappent à ce portrait statistique. En particulier les jeunes aidants, ces enfants et adolescents qui apportent un soutien à un proche. Un phénomène méconnu, voire tabou, mais loin d’être anecdotique : d’après l’association JADE (Jeunes AiDants Ensemble) ils seraient environ 500 000 en France, soit un enfant par classe ! Un colloque (le premier consacré à ce thème) le 24 juin 2019 à Paris a permis d’y voir plus clair sur ces enfants confrontés à ce genre de responsabilités.

500 000 jeunes aidants… et de nombreuses difficultés

Mi-2017, l’association JADE, Ipsos et la fondation Novartis ont publié la première étude française consacrée aux jeunes aidants. Ces derniers ont commencé leur parcours d’aidants à l’âge de 16,9 ans en moyenne, pour s’occuper :

  • de leur mère le plus souvent (52 % des cas)
  • d’un frère ou d’une sœur (15 %)
  • de leur grand-mère (14 %)

Ils y consacrent un temps non négligeable :

  • 1 heure (pour 73 % d’entre eux), voire plus de 2 heures (36 %)
  • et au moins 1 heure (78 %), voire plus de 2 heures (42 %) de plus le week-end.

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Domestiques, morales, médicales… des responsabilités multiples

À l’âge où ils devraient se consacrer à leurs études, leurs loisirs, et leur propre construction, ces jeunes aidants font donc face à des responsabilités inhabituelles, et multiples. Ils apportent en effet :

  • un soutien moral (tenir compagnie, écouter, remonter le moral…) pour 61 % d’entre eux
  • une aide domestique (courses, ménage, cuisine…) pour 51 %
  • une aide aux déplacements (43 % des cas)
  • un soutien d’ordre médical (aller à la pharmacie, assurer le suivi, préparer les médicaments…) pour 43 % des jeunes aidants
  • une aide administrative (33 %)
  • un soutien intime (toilette, habillement…) pour 20 % d’entre eux

Les rôles des jeunes aidants sont donc très variés. Et leur implication a tendance à augmenter avec l’âge, comme l’ont démontré les dernières études présentées lors du colloque sur les jeunes aidants.

De vrais impacts sur la vie des jeunes aidants

Corollaire de leur implication auprès d’un proche : le quotidien des jeunes aidants est souvent chamboulé, avec de vrais impacts… parfois heureux, d’ailleurs. Enfants, adolescents et jeunes adultes estiment par exemple qu’aider un proche leur permet de gagner en maturité, de mieux comprendre les adultes... A l’instar des “grands aidants”, ils ne voient donc pas que du négatif dans leur situation.

Mais il y a bien sûr des “moins” :

  • dans leurs études (ou leur vie professionnelle) : 33 % des jeunes aidants ont été en retard, et 34 % absents au moins une fois lors du trimestre écoulé
  • pour leur santé : 3 jeunes aidants sur 4 se sentent fatigués, 6 sur 10 ont du mal à dormir, ressentent des douleurs (au dos, aux bras)...
  • dans leur vie sociale : 47 % se disent gêné par le regard des autres, 46% évitent d’inviter leurs amis chez eux, et 54 % estiment ne pas profiter de leur jeunesse

Découragement et agressivité ne sont donc pas rares. Autant sinon plus que les autres, les jeunes aidants ont besoin d’aide et d’accompagnement.

Comment aider les jeunes aidants ?

C’est un fait : la grande majorité des aides existantes aujourd’hui dans le domaine de l’aidance sont conçues pour la personne aidée, ou pour un aidant adulte. Peu de choses sont effectivement prévues pour un mineur qui se consacre au soutien d’un proche.

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Les jeunes aidants : 3 “zones de soutien” prioritaires

Malgré une tendance bien naturelle au repli sur soi (41 % d’entre eux n’ont mis personne au courant), les jeunes aidants sont demandeurs d’aide et de soutien. D’après l’enquête Ipsos/Fondation Novartis, 46 % seraient favorables à ce qu’on leur propose de l’aide.

Quelles aides, précisément ? Ces enfants, adolescents et jeunes adultes identifient spontanément 3 “zones de soutien” :

  • la famille, le cercle de soutien le plus naturel et le plus proche
  • l’école ou l’université
  • d’autres aidants enfin, avec qui dialoguer, échanger et partager leur expérience

Les ateliers “cinéma répit”, une initiative dédiée aux jeunes aidants

Plus spécifiquement, l’association JADE expérimente depuis plusieurs années des dispositifs spécialement conçus pour les jeunes aidants. Et travaille à généraliser ses actions pour leur venir en aide.

Fer de lance de son action ? Les ateliers cinéma répit, organisés depuis 2014, dont ont déjà bénéficié plus de 100 jeunes aidants. Organisés durant les vacances scolaires d’hiver de de printemps, ces séjours de 5 jours à la campagne pour des groupes d’aidants de 8-12 ans ou de 13-17 ans s’organisent autour de la production par les jeunes aidants d’un film sur leur expérience.

Ce film, préparé avec des encadrants spécialisés en audiovisuel, mais aussi des animateurs et des psychologues, est projeté ensuite en présence des familles. Il vise à nouer le dialogue entre toutes les parties, à valoriser ces jeunes aidants, et à leur offrir un sas de répit.

L’action, menée initialement en direction de jeunes aidants d’Ile-de-France, a été expérimentée depuis dans d’autres régions.

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